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L’agent Djibril est en mission dans son pays natal, le Djibouti. Il dispose d’un délai de 7 jours pour récolter des Renseignements précis pour son employeur. Après 15 années loin de cette terre, il revient à Djibouti. Si au départ, l’enquête piétine, il finit par découvrir des pistes intéressantes. Durant son séjour, c’est avec peine que l’agent de l’Adorno Location Scouting se fond dans la masse. Le moins que l’on puisse dire c’est qu’il dérange.
Il reçoit régulièrement des courriers d’un étrange prisonnier qui visiblement en a après lui. Il fait savoir à Djibril qu’il est au courant de tous ses faits et gestes. Il sait que celui ci est en concubinage avec Denise au Canada où il vit. Cet inconnu lui fait part jusqu’à la différence d’âge (9 ans) qui le sépare de sa compagne.
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Le retour de Djibril n’est pas sans conséquence. Il reçoit des menaces de cette personne qui semble le connaître plus qu’il ne l’imagine. Alors que Djibril est sur le point de rentrer au Canada après s’être autorisé une rallonge sur le temps imparti par l’Adorno. Il est envahi par la peur et sent que quelque chose de grave va arriver de façon imminente. Ce qu’il redoutait finit par se produire.
Ce roman d’Abdourahman Waberi m’introduit à cette partie de l’Afrique à laquelle appartient le Djibouti. Je découvre ce pays de la corne africaine, carrefour de toutes convoitises entre l’Europe et le moyen Orient. Les thématiques sont riches. Le terrorisme caracole en pôle position. La géopolitique le suit d’une courte tête.
On découvre le Tadjourah et les groupuscules radicalisés qui rêvent de soumettre la zone à leur diktas. C’est aussi une cité où la peur et le poids des lendemains incertains hantent les esprits.
L’agent Djibril sent l’appel du Canada, cette terre qui l’a fait, qui la réparé. Mais il n’a pas réglé ses comptes avec les fantômes du passé. Il a des dettes morales envers cette famille disloquée à qui il a tourné le dos. Djamal, ce frère jumeau omniprésent dans le livre. Il a été bien plus affecté que Djib de l’indifférence d’une mère absente.
Certains passés vous marquent et vous jettent dans des tourments irrémédiables. Même quand Djib pense avoir échappé à ses démons, ils sont plus présents que jamais. L’as des renseignements aura payé cher le tribu, bien plus pour être revenu que pour avoir filé à l’anglaise.
Le philosophe Benjamin Walter accompagne le lecteur au fil des pages. Cette double narration confère au roman une belle densité. Passage des larmes est un récit qui se laisse lire, mais exige une ou plusieurs relectures. Il est écrit tout en finesse et en subtilité.
Les nombreuses pauses m’ont permis d’en savoir un peu plus sur les différentes références comme en trouve un peu partout dans le livre : le café de Mokka, Ben Walter, la Tadjourah, The sullivans etc…
C’est complètement effroyable comment les réseaux de combattants terroristes ont accès aux informations. Par ailleurs, on ne pourrait pas en dresser un portrait robot. Ils sont de toute origine. Une chose reste sûre : ils sont loyaux et résolus. Pour ce que j’ai pu lire ici, leurs menaces ne sont pas à prendre à la légère. Et L’agent Djib l’a appris à ses dépens.
Abdourahmane Waberi est un écrivain Franco Djiboutien. Il enseigne la littérature. Il est également auteur de Pourquoi tu danses quand tu marches. Un roman qui retrace son enfance affectée par la poliomyélite.
Pour Passage des Larmes (JC Lattès, 249 pages) c’est un 16/20. Je recommande !!!
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