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Je ne sais plus exactement à quand remonte ma première lecture mais je sais que ce roman de Fatou Keita m’avait secouée. Aujourd’hui, je viens d’en terminer une seconde lecture. Mon sentiment n’est pas du tout le même.
Et l’Aube se leva plante le décor sombre d’un Etat gouverné par des individus avides de pouvoirs, aveugles et sourds aux attentes de leurs administrés. On pourrait assimiler la République des Crocodilois à celles du continent africain, eu égard aux différentes références dans le livre. Fatou Keita dépeint longuement le contraste entre deux mondes inégaux qui pourtant se côtoient géographiquement.
D’un côté, des personnes qui manquent de tout et n’espèrent plus grand chose ni de leur gouvernement, ni même de leur labeur. D’un autre, des privilégiés qui vivent dans un luxe fou auquel ils n’entendent pas se détacher. Shina Bonca est la fille d’un ministre de la République des Crocodilois. Elle possède de nombreux biens dont des voitures qu’elle peut changer quand bon lui semble et des propriétés immobilières dans le pays et bien sûr dans d’autres pays, notamment en Europe.
Alors qu’elle sort de la librairie où régulièrement elle prend des journaux, la jeune femme découvre une mendiante et son fils. Quelque chose comme un sentiment qu’elle ne peut nommer prend place en elle à la vue de ce bébé. Avec le temps, elle s’en attachera. Contre l’accord de ses proches – des riches qui considèrent les gens de la rue comme dangereux pour leur quiétude – elle finira par en faire son protégé. Eloé quittera ainsi son quartier précaire pour habiter la maison luxueuse de sa tante Coucou, comme il a toujours appelé Shina. Nouvelle école, nouvelle maison mais Eloé reste fidèle à ses anciens amis.

Suite à un éboulement dans le quartier précaire ou vivait son oncle, tous ses proches sont tués mais Eloé disparaît pendant des semaines. A son retour, il est différent, Shina Bonca ne le reconnaît plus. En fait, il lui est arrivé quelque chose de grave qui déterminera la fin tragique de l’histoire. Entre la succession de situations malheureuses et l’histoire de Shina Bonca et Eloé qui est noyée dans les faits socio politiques beaucoup trop présents, je ne sais pas ce qui me dérange le plus.
Tout est excessif dans ce livre. Les critiques envers les politiques trop acerbes, les jugements sur les personnes trop rigides. J’apprécie cependant les conséquences liées au traumatisme subit par le jeune Eloé. C’est une forme de sensibilisation sur ce fléau qui est de plus en plus fréquent partout. Le seul point positif c’est la naissance qui arrive en fin de pages. Peut-être est ce cette aube qui enfin s’est levée. Bref, pour ce roman de Fatou Keita, ce sera un 3/5.
Et l’Aube se leva, Fatou Keita, NEI CEDA, 2008.
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