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RECO LECTURE

L’enfant noir, Camara Laye

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Camara Laye se raconte en 180 pages. L’ouvrage est édité en France par les Editions Plon, en 1953. Avec cette première parution, l’auteur remporte le prix Charles Veillon (prix littéraire Suisse) l’année suivant sa publication.

Dans L’enfant Noir de Camara Laye, il ne faut pas chercher du suspens, ni des péripéties excitantes. Ce sont des pans de sa vie que l’auteur nous livre. Des épisodes d’une période marquante pour l’apprenant noir qu’il était.

Voir aussi Opération fournaise, Régina Yaou

Il évoque avec beaucoup de tendresse sa relation avec sa mère de qui il est resté très proche. Très souvent, on a présenté la femme africaine comme interdite, soumise, contrainte au silence. Il en donne une image totalement différente. Celle de la mère de Laye vient trancher avec ces idées, reçues pour la plupart. C’est une femme de poigne qu’on découvre au fil des pages. Une femme dotée d’un pouvoir surnaturel, sensible mais sachant faire preuve de fermeté. Et oui, son avis compte énormément. Son mari l’écoute et même négocie avec elle. Elle sait tenir ses enfants sur le droit chemin. Elle est avenante et respectée dans son entourage. Le père quant à lui est un chef de famille qui sans en faire trop sait montrer aux siens son amour et son engagement.

Camara Laye nous ouvre des fenêtres sur certaines traditions dans la Guinée profonde. La cérémonie de « Kondén Diara » ou le cours authentique de gestion de la peur. Sa circoncision. On comprend un peu plus comment ces traditions peuvent contribuer à bâtir l’être humain. Comment les différentes étapes peuvent le pousser dans ses retranchements afin d’en faire jaillir le meilleur. Contrairement à certaines qui caduques, cruelles et néfastes, ne méritent même plus l’appellation de pratiques traditionnelles telles l’excision.

Camara Laye, l’auteur

Lire l’enfant noir, c’est faire une révision de ses cours élémentaires de passé simple et de concordance de temps. Pas étonnant qu’il ait été au programme d’études au secondaire.

Je vous offre des extraits qui résument bien l’histoire de Laye, de Kouroussa à Orly.

« Mais à présent, elle savait que je partirais et qu’elle ne pourrait pas empêcher mon départ, que rien ne pourrait l’empêcher ; sans doute l’avait-elle compris dès que nous étions venus à elle : oui, elle avait dû voir cet engrenage qui, de l’école à Kouroussa, conduisait à Conakry et aboutissait à la France… » Page 178.

Opinion !

Je ne comprenais pas pourquoi le récit de Camara Laye qui se déroulait pendant une période coloniale, n’en mentionne rien. Je ne me l’expliquais pas, ni par un parti pris assumé de l’écrivain ni par le récit d’un enfant sur sa histoire propre. J’aurais aimé avoir l’opinion ou à défaut voir cette période sombre de notre histoire à travers ses yeux… mais, mon avis est différent à ce jour. 

Il est bien de se souvenir de son histoire en tant que peuple mais nous devons rester conscients qu’elle n’a pas été que coloniale. Le passé du peuple africain est principalement celui de dirigeants puissants, de femmes guerrières et de royaumes prospères et érudits. Il est peut être temps d’arrêter de n’en présenter qu’un sombre visage. Cette observation (j’aurais aimé m’en vanter mais elle n’est pas de moi). Je partage totalement ce point de vue de Grandeur noire, une youtubeuse. A ce moment, je me dis que finalement de la part de l’auteur, c’est un coup de maître !

Ce classique de la littérature africaine, il faut l’avoir et l’avoir lu au moins une fois. Pourquoi l’acheter ? eh bien parce que dans quelques années, vous pourrez avec fierté le léguer à vos enfants qui l’offriront plein de fierté à leurs descendants. Alors n’hésitez pas !

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