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RECO LECTURE

Prix les Afriques 2020 : Reste avec moi, Ayobami Adébayo

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Le mariage est un tue-l’amour. Une chambre froide pour la liberté. Un périple où pour s’en sortir les époux doivent se réinventer ; lutter contre presque tout ce qui fonde cette injonction sociale. Le poids du quotidien, des factures, des enfants, de la belle famille, etc… Il y a des moments de bonheur ; la plupart du temps qui résident dans le regard plein d’envie de certains célibataires. Être heureux en ménage demande des concessions, de taire ou différer certaines envies.

Au fil de sa narration, Ayobami Adebayo nous présente un couple qui semble s’aimer beaucoup. Deux personnes qui s’admirent, se protègent mutuellement. C’est beau et cela fait rêver jusqu’à ce qu’on découvre les réels fondements de cette union.

Les régulières intrusions de la belle famille sont le cadet des défis auxquels sont confrontés Yejide et Akin. Leur problème réside ailleurs. D’un côté un homme brisé depuis longtemps par les convenances sociales et le culte du phallus, des performances sexuelles. D’un autre, une femme qui se laisse glisser dans les draps soyeux du désir coupable et adultère. Tous les deux lourdement assommés par une maladie…

« Certains pénis sont debout et durs, d’autres sont mous ». Cette pensée d’Akin nous est présentée comme un mensonge qu’il raconterait à son épouse. Que nenni ! Il n’y a rien de plus vrai. Pourtant Akin aura tout tenté pour changer les choses et entrer dans les bottes du mari africain : viril, fécond, autorisé à prendre une seconde, ou plusieurs autres épouses, qui donne la direction et l’itinéraire au couple. Se retrouver avec une de ces cases décochées signerait votre bannissement de la société. Résultat, tous les moyens sont bons pour les maintenir au beau fixe, bien en évidence pour l’entourage. Quitte à s’engluer définitivement dans le mensonge, ou même d’ôter la vie.

Dora Akunyili's fight against fake drugs won my respect —Wellcome Book Prize finalist, Ayobami Adebayo - Punch Newspapers

Des erreurs tout le monde en commet. Celle de Yejide est imputable à l’auteur de Reste avec moi, Ayobami Adebayo. Je pointerais un défaut dans la construction du personnage. Une femme de poigne, avec un sens affiné des affaires, à la volonté forte… qui ne sait pas reconnaître une défaillance physique en face d’elle. Petit (ou grand) bug. Une femme qui boit jusqu’à la lie le calice de la douleur extrême, de l’humiliation…

S’il y a ici un procès à faire, ce n’est pas celui d’Akin encore moins de Yejide. Il faut traîner devant tribunal, la société qui broie détruit les personnes portant des faiblesses malgré elles.

Akin et Yejide sont morts. Le premier détruit par la société patriarcale qui était censé en faire un privilégié. La seconde enterrée par la drépanocytose et son lot de chaos. Ceux qui se présentent en fin de l’histoire sont des loques humaines. Mais la vie agite pour eux le drapeau de l’espoir. Vont-ils répondre à ce doux appel ?

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